17 juin
Départ de Monnet la Ville en voiture. Autoroute > Villefranche, Beaujolais. Arrêt à Bagnols, vieux village de vignerons, maisons en pierre dorée provenant d’une carrière proche.
Par RN et autoroute> Riom : pause midi dans le centre-ville. Maisons en pierre de Volvic (basalte gris) d’aspect sévère, comme la Maison des Consuls.
L’Hôtel de Ville exhibe une lettre dont elle n’aurait pas lieu d’être trop fière: la missive fut envoyée par Jeanne d’Arc en détresse qui y avait réitéré sa demande de soutien financier à la ville. On peut y voir aussi notamment un bronze de Rodin représentant Camille Claudel. Autres monuments à visiter: La Sainte Chapelle (vitraux !) qui appartient au Ministère de la Justice, l’Eglise Saint-Amable d’aspect roman, nef à la transition entre roman et gothique, et l’Eglise des Mathurets .
Mozac
Mozac est un faubourg de Riom. On y trouve une église célèbre pour ses chapiteaux romans sculptés: c’est tout un univers archaïque qui s’offre au regard, bible des pauvres, certes, mais qui puise ses racines plus loin dans l’antiquité, la mythologie, le paganisme. Les sculptures sont d’une grande expressivité, elles nous parlent directement. Nous constatons avec plaisir l’état de rénovation remarquable du lieu. Ceci vaut également pour les autres grandes églises que nous allons encore visiter lors de notre périple en Auvergne.
Ensuite cap sur Clermont-Ferrand, Comfort Hôtel Saint-Jacques, bien situé à un arrêt de tram et disposant d’un parking privé. Chambre exiguë mais avec le confort nécessaire. Promenade découverte en ville à pied : la Place de Jaude, puis la Cathédrale en pierre de Volvic et surtout Notre Dame du Port, un joyau de l’architecture romane. Avons la chance de pouvoir la visiter juste avant la fermeture du site à 18h. Nous apprenons que Blaise Pascal était originaire de Clermont et qu’il avait créé le premier transport public à Paris en 1662. En cela il fut le digne précurseur du beau tram dont s’est doté Clermont aujourd’hui: un monorail qui roule confortablement sur des pneumatiques – Michelin – autre saint patron de la ville oblige… Dîner au « Pile poêle », sympa et goûteux.
18 juin
La journée commence par la visite de Royat, ville thermale aux portes de C-F. L’église romane est de toute beauté. Elle dispose d’une crypte intéressante, comme la plupart des églises de ce type. C’est l’occasion de se rendre compte de ce que signifie ce lieu: à l’origine les cryptes étaient des grottes dans lesquelles on renfermait le tombeau d’un martyre, puis on en construisit sous les églises. Ce sont les endroits qui peuvent inciter à un maximum de recueillement pour les personnes en quête de spiritualité. – Devant l’église, un ouvrier communal qui est en train d’arroser les fleurs nous parle de sa ville en termes assez pessimistes – l’argent manque de partout. Et comme pour illustrer ces propos, nous nous trouvons en face d’un homme démuni qui habite sur la place avec son chien, littéralement un “sans dents”, qui accueille avec reconnaissance le billet qu’on lui glisse « pour manger » .
Nous continuons la route vers le Puy de Dôme qui se cache dans les nuages. Donc pas question de prendre le train tout nouveau qui mène au sommet. Ce sera pour une autre fois. Nous nous engageons dans de petites routes de montagne, et faisons une halte surprise à Allagnat, un village qui semble sortir tout droit d’un conte de fée : dominé par un château vétuste adossé à l’église et son cimetière.
Nous poursuivons vers Orcival, un des nombreux haut-lieux de l’art roman en Auvergne (Basilique Notre-Dame avec fameuse Vierge romane et crypte). Le site au creux d’un vallon est très pittoresque, maisons aux toits de lauzes. Au Sud d’Orcival la route s’élève vers le Col de Guéry à 1268 m. D’ici on jouit d’un des plus beaux panoramas de la région. La vue s’ouvre entre la Roche Tuilière et la Roche Sanadoire sur une vaste combe de bocages… Comme nous sommes à deux pas de la station thermale de Mont Dore, nous y jetons un coup d’œil en parcourant les rues du centre avant de nos diriger à nouveau vers l’Est. Sur les hauteurs, les vues sont dégagées sur les alpages et les sommets volcaniques alentour. Puis on redescend vers des zones moins austères où des champs de céréales remplacent les pâturages. Les vues sont souvent époustouflantes. Un peu plus loin, nous nous arrêtons face au château en ruine de Murol, une impressionnante place forte dominant un vaste secteur. Puis nous arrivons à St. Nectaire qui doit sa réputation autant à son fromage qu’à son église perchée sur un piton rocheux. Outre l’architecture romane remarquable avec ses chapiteaux ornés au nombre d’une centaine, l’église recèle aussi des reliques et des statues dont deux vierges à l’enfant, l’une romane, l’autre gothique. En les opposant l’une à l’autre on devine l’esprit de chaque époque: autant la madone romane, d’aspect sévère, évoque la simplicité, une grande force intérieure, la version gothique peut faire penser à un genre de “Miss “, tellement son attitude et sa beauté paraissent sophistiquées mais aussi stéréotypées.
La station thermale de St. Nectaire qui s’étend en contrebas de l’église a connu ses heures de gloire il y a 100 ans, peut-être il y a 50 ans encore. Nombre d’hôtels désaffectés et de commerces fermés aux façades décrépies en portent témoignage. C’est triste à constater, mais c’est un fait. En Auvergne, comme ailleurs en France, le thermalisme de la Belle Epoque appartient définitivement à l’histoire. De nos jours, les touristes de passage rapide, comme nous, ne peuvent pas apporter la même prospérité à la région. Au terme d’une longue journée qui nous a transportés d’émerveillement en émerveillement, nous arrivons à Issoire où l’on est en train de commémorer l’Appel du 18 juin par une cérémonie au monument aux morts. Comme le bureau du Tourisme est déjà fermé, nous cherchons rapidement un hôtel – un « Logis » près du Parc (simple) et après un moment de repos, nous nous offrons un bon repas à « l’Atelier Yssoirien » dont le chef hollandais (!) réussit à nous surprendre par des associations d’épices osées et par la finesse de ses préparations.
19 juin
Pour commencer la journée, visite obligatoire de l’abbatiale d’Issoire, célèbre pour sa riche décoration, à commencer par les signes du zodiaque qui ornent le chevet.
Pour la suite, difficile de faire le choix d’un itinéraire cohérent en Auvergne, tellement les sites « à droite et à gauche » vous attirent ! Alors, la première partie de la journée sera consacrée à un retour vers l’Ouest en direction de la haute montagne puisque nous voulions voir St. Floret, une commune qui fait partie de l’Association des « Plus beaux villages de France ». Et cette distinction est bien méritée : un promontoire domine l’étroite vallée dans laquelle se blottit le village. Sur la butte au Sud se dressait autrefois un château fort dont il ne reste plus rien. Par contre il s’y trouve toujours la vielle église, et son cimetière, qui remonte à l’époque mérovingienne. A l’origine, des tombes de forme anthropomorphe y ont été creusées dans le rocher. Elles étaient couvertes par des pierres monolithiques ou des tuiles et servaient pendant plusieurs siècles à recueillir les dépouilles des morts. Impressionnant ! A noter également les anciennes terrasses au dessus du village: avant l’arrivée du phylloxéra, ce fut une prospère région viticole!
Plus loin dans la vallée, Saurier, un village « paumé » dont les commerces fermés donnent une image désolante. Le village dispose d’un vieux pont charmant qui a vu passer sur lui des générations de paysans avec leurs troupeaux… En continuant notre remontée de la vallée nous avons aperçu au loin dans un mur rocheux les grottes préhistoriques de Jonas, creusées dans le tuf – le temps nous a manqué pour nous en approcher. Finalement nous arrivons à Besse-et-St-Anastaise, fameux lieu touristique à cause de sa proximité du domaine skiable, mais pas seulement, puisque la petite ville peut s’enorgueillir d’un passé moyenâgeux glorieux, quelques demeures bourgeoises en style gothique en témoignent, tout comme son église Saint-André qui conserve de jolis chapiteaux décorés de l’époque romane. Il aurait été dommage de ne pas faire ensuite un saut de plus jusqu’au Lac Pavin, ancien cratère dans un écrin parfait de verdure.
Ici, nous avons fait demi-tour pour nous diriger à nouveau à l’Est vers Montpeyroux, autre « Plus beau village de France » . Ce titre, il le mérite à notre avis par sa situation exceptionnelle sur une montagne dominant l’Allier. Du donjon de l’ancienne forteresse la vue s’étend sur des dizaines de kilomètres à la ronde, aussi bien vers la chaîne des Puys à l’Ouest que vers le Parc régional du Livradois à l’Est et au Sud. L’autre curiosité de l’endroit, ce sont les vestiges des carrières d’arkose, un grès aux nuances chaudes qui a servi à la construction de nombreuses églises et bâtiments avant le XIIIe s : c’est seulement à partir de ce moment-là qu’on disposait des outils et de la technique nécessaires pour travailler la pierre basaltique noire-grise de Volvic, plus dure, que l’on retrouve par exemple à Riom et dans les bâtiments moyenâgeux plus récents.
Grâce à l’Office de Tourisme de Montpeyroux, nous pouvions consulter une liste de chambres d’hôtes de la région. Cela nous a permis de choisir un gîte dans le Livradois chez une dame anglaise qui vit, avec son mari professeur d’anglais, dans un vieux hameau en pleine nature. Pour dîner nous sommes allés dans un restaurant familial à St. Jean en Val, près d’Usson, autre « plus beau village » – que nous n’avons pas visité, étant amplement saturés par cette longe journée de découvertes.
20 juin
L’intensité du programme des jours précédents nous a incités à amorcer notre retour, non sans faire une halte à Ambert, célèbre pour sa fourme (fromage). Le but de visite principal de l’endroit se trouvait à quelques kilomètres de là: le Moulin Richard de Bas, à la fois musée et lieu de production de papier comme il y en avait des douzaines dans la région dans le passé. Tout ce que l’on aurait toujours dû savoir sur la production artisanale du papier, on l’apprend ici lors d’une visite guidée à laquelle nous accordons volontiers trois étoiles Michelin (voir l’article séparé à ce sujet).
Pour le reste, nous avons amorcé la longue remontée vers le Nord. Après la traversée des montagnes du Livradois, nous nous sommes offert une halte à Vichy où Nicole a retrouvé avec joie quelques endroits qui lui sont familiers depuis ses séjours dans la ville pendant son enfance. La confiserie Moinet a fait partie de ce mini-pèlerinage. Retour au point de départ à travers la Bourgogne et la Bresse sur des routes nationales.
Conclusion
Ce petit voyage nous a fait appréhender une région originale, dépaysante, d’une diversité insoupçonnée. Comme le secteur visité fut assez réduit, nous avons envie d’y retourner bientôt pour continuer nos découvertes.